Les meilleures religieuses au chocolat de Paris

Un nuage chocolaté en guise de fumée blanche: notre concile a élu dès le premier tour la divine religieuse du pâtissier Rollet Pradier. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

Notre bien-aimée religieuse ne date pas du siècle des Lumières. Ses origines remonteraient aux années 1850, elle aurait été créée chez Frascati, pâtisser parisien en vogue près des Grands Boulevards. À l’époque, la recette était sensiblement identique à celle d’aujourd’hui (pâte à chou fourrée de crème pâtissière et surmontée de crème fouettée), mais la forme, carrée, très différente. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’elle adopta son allure actuelle, petit chou posé sur gros chou, le tout glacé et festonné de crème au beurre. Peut-être est-ce la silhouette rebondie de la pâtisserie qui lui valut son nom ou encore sa couleur brune qui l’apparentait à la robe des nonnes. Un léger flou historique qui n’est pas pour nous déplaire.

Aujourd’hui, il faut bien le confesser, la religieuse au chocolat est une douceur menacée. Beaucoup moins présente que l’éclair, qui, lui, trône en bonne place dans presque toutes les pâtisseries. Sans doute parce qu’elle est «plus technique, plus difficile à réaliser, aussi», souligne notre expert, Christophe Felder. Un peu comme le chausson aux pommes, le fort en thème des viennoiseries, dont le feuilletage, la compote de fruits frais peuvent toucher au sublime lorsqu’ils sont réussis et s’avérer si déprimants, bâclés. Lors de ce test, nous avons ainsi constaté qu’elles avaient déserté des enseignes prestigieuses comme FauchonCarette, la Maison du Chocolat… En revanche, d’autres pâtissiers (voir ci-dessous) ont revisité la recette de base en lui donnant de nouvelles couleurs, de nouvelles saveurs. Preuve que la messe n’est jamais dite et qu’une religieuse peut en cacher une autre, sous des atours plus actuels.

Fervents adeptes d’un classicisme chocolaté tel qu’il peut être revendiqué par les belles maisons, nous avons néanmoins été un peu déçus par le niveau général de la prestation. Choux parfois racornis, crèmes pâtissières industrielles, les religieuses de notre échantillon n’étaient pas toutes au top fraîcheur, même si un petit séjour réfrigéré leur avait laissé la tête froide. ­Heureusement, nous en avons aussi dégusté d’excellentes, comme le montre notre classement. Et assez, forcément, pour être aux anges.


Méthodologie

Test. Nous l’avons dit en préambule, les religieuses au chocolat sont moins en vogue depuis quelques années. Même si elles font partie des desserts préférés des Français, elles se sont fait doublées par les éclairs et, récemment, par les saint-honoré. Pour réaliser ce test, nous avons fait le tour des grandes institutions parisiennes et sélectionné une quinzaine d’adresses.

Méthode. Comme toujours, les journalistes de la rubrique ont acheté les gâteaux, le matin même de la dégustation. Ces derniers ont ensuite été numérotés et dégustés à l’aveugle, sous le contrôle de notre expert, le chef pâtissier Christophe Felder. La dégustation a duré 55 minutes.

Critères retenus. Quatre, notés chacun sur 5 points pour une note finale sur 20. Tout d’abord l’aspect, sachant qu’il n’existe aucune réglementation concernant la taille du gâteau ou sa recette. Les pâtissiers jouent donc leur partition perso. Nous avons ensuite noté la pâte à chou (fraîcheur, moelleux, saveur), puis la garniture (goût plus ou moins chocolaté, texture, dosage en sucre…) et enfin le rapport qualité-prix, les écarts d’une enseigne à l’autre allant parfois du simple au double.

Résultats. Avouons un palmarès «petit bras» qui n’a pas permis de faire ressortir, comme c’est parfois le cas, de véritables coups de cœur. Hormis les cinq premiers avec mention spéciale pour la maison Rollet Pradier, qui s’en sort très bien, les autres pâtisseries font des scores honorables sans plus, certaines enseignes prestigieuses se révélant même décevantes.

La religieuse gagnante: celle de Rollet Pradier

Outre les spécialités qui ont fait sa réputation (bombe aux marrons, Fanny, macaron…) cette maison fondée en 1859 chouchoute sa religieuse au chocolat. Elle est fabriquée quotidiennement (une trentaine chaque jour) à partir de Valrhona 80 % de cacao. Petit secret de fabrication, l’introduction de crème montée dans la pâtissière pour la rendre encore plus aérienne. Et, pour l’esthétique, une fine plaque de chocolat glissée entre les deux choux.

Rollet Pradier, 6, rue de Bourgogne, VIIe. Tél.: 01 45 51 78 36. Tlj sf sam.


La religieuse se lâche

Pâtisserie emblématique de notre très chère France, cette petite dame de «chou» à fait son bout de chemin dans les vitrines sucrées de la capitale. Dans sa robe glacée, elle se décline le plus souvent au chocolat ou au café mais, aujourd’hui, un goût de renouveau vient habiller nos petites bigotes. À la rose chez Ladurée, au caramel chez Blé Sucré, chocolat-vanille chez Sébastien Gaudard, elle est même proposée à la fraise Tagada chez Gwen Choc. Les Marquis de Ladurée jouent aussi la fantaisie en cachant au cœur du chou-chocolat une confiture de cassis exquise. À noter enfin que, parmi les classiques, certaines se laissent désirer, ne pointant le bout de leur «nez-chantilly» que le week-end pour les déjeuners de famille après la messe (Sucrécacao et Jean Millet).

Le pâtissier Christophe Felder.
Le pâtissier Christophe Felder.Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

 3 questions à Christophe Felder

Qu’est-ce qu’une bonne religieuse au chocolat?

Tout d’abord, elle doit être jolie à regarder, bien glacée, l’aspect est important. Il faut que le chou soit le plus frais possible, cuit du matin, dans un four assez chaud pour qu’il reste à la fois moelleux à l’intérieur et un peu croustillant en surface. Pour la crème, la qualité des ingrédients est primordiale: lait entier, œufs frais, vanille. Ce n’est pas nécessaire d’utiliser un chocolat à 70 % de cacao, mais le produit doit être bon et surtout pas acide. La crème est meilleure lorsqu’elle a une consistance assez molle, mais pas trop non plus, tout est question d’équilibre.

Finalement il n’y a pas de recette codifiée?

Pas vraiment. On l’a vu dans ce test, la crème pâtissière des boulangers est un peu plus simple que celle des pâtissiers qui mettent plus de jaune d’œuf. Leur pâte à chou est souvent plus fraîche aussi parce qu’ils la préparent le matin, contrairement aux pâtissiers qui préfèrent la faire la veille pour plus de régularité. Dans les recettes anciennes, comme chez Thuriès, il n’y avait pas de vanille à l’origine et la collerette de petites rosaces blanches entre les deux choux était plus petite aussi.

Les prix ont toujours été libres?

Oui et l’on a vu des différences très importantes entre les gâteaux. Pourtant, plus c’est cher et plus cela devrait être irréprochable…

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Alain Ducasse, sa chocolaterie à Paris

© Pierre Monetta. La boutique de la Manufacture Alain Ducasse

 « On peut s’autoriser ici des choses, des choix créatifs que l’on ne pourrait faire dans un contexte industriel« , s’enthousiasme Alain Ducasse. « On », c’est lui et Nicolas Berger, avec qui il a commencé à imaginer cette fabrique de chocolat il y a six ans. Recruté comme chef pâtissier pour l’ouverture d’un restaurant à New York en 2000, Nicolas Berger intègre pendant deux ans le Plaza Athénée (Paris VIIIe), avant d’être nommé chef pâtissier exécutif pour l’ensemble des établissements. Au 40 de la rue de la Roquette (Paris XIe), l’atelier-boutique de 320 m2, installé dans un ancien garage Renault, laisse entrevoir les vieilles machines venues des quatre coins de l’Europe et réglées au millimètre près pour torréfier, concasser, concher… Pour ces deux fous de chocolat, il était indispensable de maîtriser le goût, la qualité des produits et la chaîne de production de la fève au bonbon, « Nous faisons peu, mais nous faisons le nôtre« , ajoute Nicolas Berger.
Du chocolat destiné à ses restaurants
Depuis le mois de décembre, et avant l’ouverture au public qui a eu lieu le 20 février dernier, la Manufacture livre du chocolat de couverture aux restaurants du groupe à Paris, Londres et Monaco. Nicolas Berger a élaboré pour eux un mélange des provenances Équateur, Sao Tomé et Madagascar, « Cela aurait été trop compliqué de répondre aux envies de chaque établissement« , ajoute l’artisan. Des bonbons de chocolat sont également livrés dans les établissements parisiens. Pour les 43 tablettes (douze origines différentes, tablettes fourrées, mendiant) et les bonbons de chocolat (ganaches pure origine, ganaches parfumées et pralinés), rien n’échappe à l’atelier et tout y est fabriqué : nappages, pâte d’amande, pralinés à l’ancienne (cacahuète, pistache, noisette, amande)…
Caroline Mignot
Le Chocolat Alain Ducasse,
Manufacture à Paris
40 rue de la Roquette
75011 Paris
Tél. : 01 48 05 82 86


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Le camion qui fume

« Le moment le plus long, c’est celui où tu l’as dans les mains… »
Tout le monde en parle, surtout la presse gourmande à dire vrai. « Un des meilleurs de Paris !», dit-on par ici, « des Américains venus de Californie pour nous le confectionner » peut-on lire par là. Cet hamburger tellement fameux qu’on fait la queue parfois longtemps, pour le savourer. Alors qu’en est-il exactement ?

Nous voici vendredi du mois de décembre, celui entre Noël et le jour de l’An. Jour délicieux, qui nous laisse encore quelques jours pour profiter des vacances et pas trop pour tourner en rond. Pas vraiment l’hiver, journée mouillée où le ciel hésite. Aujourd’hui le-camion-qui-fume stationne dans le marché, au 13 place de la Madeleine. C’est un petit camion. Un auvent, 4 cuisiniers en tee shirts bleus affairés, un comptoir pour prendre la commande, un autre pour la réceptionner. Et voilà c’est parti. Enfin c’est vite dit, disons qu’on attend. Comme tout le monde. Et du monde, il y en a ! Une vingtaine de personnes patiente dans une ambiance fraîche et frissonnante. Juste le temps de ressentir l’humidité dans les pieds, nous passons commande : 3 BBQ, 3 frites, 2 cocas zéro (il y a déjà rupture de coca normal). Ensuite, il faut encore ce ranger dans une nouvelle file pour réceptionner nos sandwichs ; un petit quart d’heure. Oui je sais, on n’est pas obligé d’endurer tout ça, mais je ne peux pas résister. Incroyable de quoi un estomac gourmand est capable, de ténacité, d’endurance, dés qu’il s’agit de manger un bon truc ! Ça y est, on l’a ! Le graal de la cuisine américaine, le symbole de l’obésité, la xème version du hamburger, le trésor de nos papilles. J’ai presque envie de narguer ceux qui attendent toujours… nananère. Non, non sagement, je me retiens.

 
« Le moment le plus long, c’est celui où tu l’as dans les mains et que tu attends de trouver le bon endroit pour le déguster ».

Par chance, la voiture est garée juste à côté, elle fera notre salle à manger du jour. Alors on déguste. Et on se régale. En silence. Beignet de coriandre, bacon, oignons caramélisés, cheddar, sauce barbecue, steack hâché (of course!) repliés entre deux bouts de pains ronds. Ouaouh c’est top. Vraiment. Les frites toutes petites, toutes mignonnes ont un délicieux goût de pommes de terre. Oui c’est idiot ce que je dis, mais posez vous la question ? Quand avez-vous mangé des frites au goût de patates ? Quand ?
Alors, et bien, franchement, ça vaut le détour. Oui, tout s’envole, les queues, les pieds humides, le vent frais frissonnant, ce déjeuner inconfortable dans la voiture, l’attente, tout et même le chauvinisme, dire qu’il a fallu qu’ils viennent de là-bas pour nous le faire si bon !

 

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