Barbecue porcin à Memphis, Tennessee (DR)
Régal de la presse
Le chef de la République, c’est lui!
Le locataire de l’Élysée a changé mais pas son cuisinier. Bernard Vaussion, chef en titre depuis 2005, est toujours aux fourneaux. « L’alternance s’est bien passée », confie l’homme à la veste blanche impeccable qui a accueilli, mardi, ses confrères du club des Chefs des Chefs, rue du Faubourg-Saint-Honoré. À 58 ans, cet Orléanais aux épaules puissantes, entré dans la maison en 1975 en tant que demi-chef de partie, aura vu défiler six présidents.
« J’ai rencontré François Hollande le jour de son investiture. Il est descendu en cuisine saluer toute l’équipe, raconte-t-il. C’est un homme qui aime manger. Il apprécie la viande et le poisson. » Une seule détestation maintenant bien connue : l’artichaut. En revanche, point commun avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, François Hollande raffole du chocolat. « Il aime beaucoup les petites ganaches faites maison que nous servons avec le café », sourit Vaussion. Un chef qui traite aussi avec Valérie Trierweiler. « Elle est présente dans le choix des menus, mais n’a rien demandé de spécifique. Elle mange comme le Président », assure-t-il. Sans parler de diète, Bernard Vaussion explique que le budget cuisine a diminué depuis le début de la crise. « Arrivés à la moitié du quinquennat de Nicolas Sarkozy, nous avons réduit les coûts. Depuis, on n’utilise plus du tout de caviar. » Mais, bonne nouvelle qui a l’air de ravir le cuisinier autant qu’Angela Merkel, « le nouveau Président a réintroduit le fromage ».
Chaque jour, 300 couverts
Mardi (24 juillet 2012), Bernard Vaussion a ouvert ses cuisines à ses confrères. Dans un salon de l’Élysée, une porte dérobée donne sur un escalier en pierre qui mène au ventre du palais. Située dans l’aile droite, l’antre de 500 m² abrite une brigade de 20 cuisiniers qui préparent 300 couverts par jour. Une salle avec son piano central, ses moules à gâteaux briqués et ses batteries de casseroles en cuivre. Des ustensiles centenaires aussi, comme cette poêle gravée « Compiègne 1845 ».
Après la salle dévolue aux pommes de terre, et la pièce froide dans laquelle sont confectionnées de décoratives sculptures de sucre, le tour s’achève dans le bureau du cuistot. Christian Garcia, chef de Monaco, s’y assied. « Tu peux récupérer mon job », plaisante le maître des lieux qui compte prendre sa retraite l’année prochaine. Comme son prédécesseur Joël Normand, Vaussion prépare un livre à paraître pour Noël. Pas de confidences sur sa vie à l’Élysée mais « un recueil des recettes préférées des présidents ».
Éléonore Sok-Halkovich – Le Journal du Dimanche
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G20 culinaire
Bernard Vaussion (quarante ans de services dans les cuisines de l’Élysée, pour six présidents), Ulrich Kerz (chancellerie allemande) et leurs pairs du Kremlin, de la Maison Blanche, de Buckingham Palace, du Parlement de Pékin, d’Afrique du Sud ou encore du Sri Lanka seront reçus par Mme Merkel, le vendredi 20 juillet 2012, puis par M. Hollande, le mardi 24 juillet.
RÉUNION ANNUELLE
Rassemblés depuis 1977 au sein du Club des chefs des chefs, les membres – vingt-cinq au total – célébreront également les trente-cinq ans de cette association qui les réunit chaque année dans un pays du globe depuis sa création par Gilles Bragard, fin connaisseur de ceux qui dirigent les cuisines d’État, princières ou royales.
« En 1978, ce fut en France, en 1980, en Suède, à l’initiative du roi Carl Gustaf, aujourd’hui cela continue avec bonheur, l’objectif étant de faire découvrir la gastronomie et l’art de vivre de chaque pays visité à nos chefs », se réjouit Gilles Bragard. Au-delà de l’aspect diplomatique, il sera avant tout question de gastronomie, affirme ce dernier, « avec un déjeuner concocté conjointement par le chef de l’Élysée, Bernard Vaussion, et Ulrich Kerz : du turbot certainement côté français et quelque chose de très allemand, mais peut-être pas du jarret de porc et de la choucroute, car Angela Merkel adore les légumes ».
A Paris, les chefs seront reçus par Alain Ducasse au restaurant de la tour Eiffel, Le Jules Verne, où ils devraient se régaler, entre autres, d’une « pince de crabe et navets croquants marinés », de « langoustines dorées et légumes acidulés », « d’un grenadin de veau au sautoir et ses girolles grillées » et de « fraises des bois dans leur jus tiède accompagnées d’un sorbet au fromage blanc », selon le « projet de menu ».
SOUPE AUX TRUFFES « VGE »
Mais les choses ne sont pas toujours simples… « Il y a des choses [que les grands de ce monde] n’aiment pas. François Hollande, ce sont les artichauts. Mme Obama est en croisade contre l’obésité des adolescents et elle tient aux légumes. Elle a fait planter un potager à la Maison Blanche. Hillary Clinton s’était séparée du chef français de l’époque, estimant sa cuisine trop riche », raconte M. Bragard.
Si François Mitterrand « adorait les fruits de mer et le foie gras et s’était attaché les services d’une cuisinière du Sud-Ouest », il fut contraint par sa maladie de se résoudre à des « menus préparés en accord avec son médecin », ajoute-t-il. Le président sortant, Nicolas Sarkozy, avait pour sa part banni le fromage des menus élyséens. Un élément réintroduit par François Hollande, et qui sera mis à l’honneur à l’occasion des célébrations du cinquantenaire de l’amitié franco-allemande, la chancelière allemande en étant aussi, selon les dires de M. Bragard, une fervente amatrice.
Dans la droite lignée de la première rencontre organisée à Paris par Henry Haller, chef de l’ex-président américain Jimmy Carter, et Paul Bocuse, créateur de la soupe aux truffes « VGE » en l’honneur du président français de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, ce « G20 gastronomique » s’achèvera le 25 juillet par une visite de la manufacture de Sèvres et sera ponctué d’autres rendez-vous à Berlin (du 18 au 21 juillet – Reichstag, balade à vélo…) comme à Paris (du 22 au 25 juillet – Versailles, marché de Rungis…).
Le Monde.fr avec AFP 17.07.2012
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